Acheter sur internet ou en magasin, quel est le plus écolo ?

Les fêtes de fin d’année approchent, et de plus en plus de personnes commencent à se poser la question : devrais-je faire mes achats en ligne ou en magasin pour minimiser mon impact environnemental ?

Personnellement, je commande en ligne assez régulièrement, et je me pose cette question depuis quelques années maintenant. Cet automne, je me suis lancée dans des recherches plus approfondies, et j’ai envie de vous partager ce que j’ai découvert, mais aussi mes recommandations !

Quel est l’impact écologique de l’e-commerce ?

L’e-commerce, plus qu’une tendance, une nouvelle façon de consommer

Commençons par remettre les choses dans leur contexte et faisons le point sur la situation en France. D’après le dernier rapport de la FEVAD (Fédération de l’E-commerce et de la Vente à Distance), en 2019, le shopping en ligne a représenté près de 100 milliards d’Euros de chiffre d’affaires, avec une croissance à double chiffres depuis plusieurs années consécutives (et qui s’est bien confirmée pendant et après le confinement). 

En tête du classement des produits les plus achetés sur internet, on retrouve la mode (58% des articles de mode sont maintenant achetés en ligne, par rapport aux magasins physiques), les produits culturels (50%), et le tourisme (40%). Mais d’autres secteurs sont également en pleine croissance comme l’alimentaire, les produits électroniques, les meubles, ou encore les produits d’occasion.

En moyenne l’an dernier, chaque internaute français a validé 40 paniers sur des sites e-commerce, pour un total de 2 500€. Et aujourd’hui, 10% des achats sont fait sur internet, toutes catégories confondues (ce qui est déjà pas mal), mais d’ici 2040, le Nasdaq estime que 95% des achats dans le monde seront effectués en ligne !

Avec un développement aussi important (et rapide) de l’e-commerce, il est en effet important de se poser les bonnes questions, mais aussi de bien choisir les sites sur lesquels nous souhaitons faire notre shopping, pour qu’ils restent en adéquation avec nos valeurs !

Homme qui paye par carte sur internet
Photo de rupixen.com sur Unsplash

Les plus : une économie d’échelle sur l’empreinte carbone

Depuis son apparition, à la fin des années 90, l’e-commerce a bien évolué, et s’est largement optimisé, d’abord pour réduire les coûts évidemment, mais aussi indirectement (et heureusement) pour réduire son impact sur l’environnement.

Une meilleure rentabilité des entrepôts de stockage

Lorsqu’un consommateur achète un produit sur internet, il n’a pas besoin de venir à l’entrepôt où est stocké le produit. 

Cette surface de stockage n’a donc pas besoin d’être “jolie” ou “confortable” : les produits sont rangés de manière optimisée, chaque mètre carré compte (voire même, chaque mètre cube compte lorsque les produits sont stockés en hauteur), il n’y a pas besoin de chauffage et l’éclairage est optimisé.

Au final, la consommation d’énergie par produit stocké est nettement plus faible qu’en magasin.

Entrepot de stockage
Photo de CHUTTERSNAP sur Unsplash

Une meilleure gestion de la logistique et des transports

Il s’agit de l’un des avantages les plus évidents de la vente à distance : la livraison est optimisée. 

Même si l’on pourrait penser que cela pollue de se faire livrer chez soi, c’est en réalité plus écologique que si chaque client se déplaçait lui-même en voiture chercher son produit en magasin car les services de livraison ont des itinéraires optimisés (pour réduire leurs délais, leurs coûts, mais aussi leur impact carbone). Les déplacements sont réduits, il y a donc moins de pollution !

Cet avantage a néanmoins ses limites, notamment pour les livraisons express, mais nous y reviendrons plus tard.

L’option de la seconde main plus facilement accessible

Il n’est plus nécessaire de rappeler qu’acheter d’occasion est nettement moins polluant qu’acheter du neuf. Réduire le gaspillage et donner une seconde vie aux produits sont extrêmement important dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Toutefois, même si les vide-greniers et vide-dressing existent, il restent relativement limités (à la zone géographique, à l’offre disponible, mais aussi à la saison… Rares sont les vides-greniers en hiver). 

Des plateformes en ligne comme Le Bon Coin, Vinted, ou encore eBay permettent de plus facilement vendre vos produits d’occasion en leur donnant plus de visibilité et en ayant accès à une plus grande audience potentielle.

Côté consommateurs, l’offre est nettement plus large, et il est beaucoup plus simple de rechercher un produit précis, grâce aux fonctionnalités de recherches et aux filtres, le tout à moindre coût !

Un confort d’achat optimisé

L’avantage d’internet, c’est que vous avez en général un plus large choix de produits, mais aussi de tailles et de couleurs. Vous pouvez facilement voir ce qui existe, comparer les prix et les caractéristiques, afin de prendre le produit qui vous convient vraiment. 

De plus, vous pouvez faire votre shopping tranquillement, quand vous le souhaitez; et cela permet d’éviter les déplacements inutiles dans un magasin qui n’aurait pas ce que l’on recherche.

Jeune fille sur son lit en train de faire du shopping en ligne
Photo de Charles Deluvio sur Unsplash

Les moins : des sources de pollution cachées et moins évidentes

Une consommation d’énergie différente

Même si acheter en ligne nous évite de nous déplacer (et de polluer avec notre mode de transport) ou d’aller dans un magasin qui consomme de la lumière et du chauffage, et bien surfer sur le web n’est pas non plus une pratique anodine.

Comme je vous en parlais plus tôt cette année, notre consommation d’énergie liée au web est énorme. La raison principale ? Les data centers qui hébergent les sites internet et stockent nos données. Chaque minute passée à naviguer sur un site, à rafraichir une page ou à ajouter un produit à son panier consomme de l’énergie !

C’est un impact environnemental quasiment invisible, dont on ne se rend pas compte, et qu’il est assez difficile de réduire, mais il faut quand même en être conscient. Si vous souhaitez en savoir plus sur comment réduire votre impact sur la planète avec le numérique, n’hésitez pas à consulter mon article !

Beaucoup plus d’emballages individuels

Là pour le coup, ce n’est pas une surprise, mais la vente à distance génère des tonnes d’emballage supplémentaire comparé à la vente physique.

Chaque commande est bien entendu livrée séparément et individuellement, et chaque paquet va en général contenir une boîte et du calage.

Selon le fournisseur, cet emballage sera plus ou moins optimisé et écologique : certains sites évitent le suremballage et livrent directement dans le packaging d’origine, alors que d’autre mettent une boite dans une boite, parfois même dans une autre boite ! Pareil pour le calage : du papier kraft froissé reste plus écologique que du papier bulle en plastique ou des particules de calage en polystyrène.

Certains vendeurs ré-utilisent parfois les emballages de leurs propres fournisseurs pour réduire les déchets, et utilisent aussi des éléments de calage biodégradable, un bel effort !

La livraison express, un véritable fléau 

L’impatience des consommateurs est aussi une énorme source de pollution : les livraisons express sont nettement plus polluantes que les livraisons classiques, ou même qu’un achat en boutique. 

Ces livraisons en moins de 24h se sont multipliées pour répondre à une demande grandissante, mais elles engendrent beaucoup plus de pollutions car le livreur se déplace en général pour une seule commande, et il n’y a plus d’optimisation.

De plus, les livraisons express implique généralement une partie du transport en avion, ce qui est nettement plus polluant que les livraisons en relais qui utilisent principalement le camion ou le train.

Accumulation de déchets
Photo de boris misevic sur Unsplash

L’achat en magasin, une meilleure option pour la planète ?

Maintenant que l’on a fait le point sur la situation du shopping en ligne, qu’en est-il du bon vieux magasin ?

Bien entendu, lorsque l’on achète en magasin, il n’y a quasiment pas, voire pas du tout, d’emballage. Pas de boîte en carton ou de calage, juste un sac de transport qui peut-être proposé mais qui peut facilement être évité en portant son achat à la main ou en amenant son propre sac !

Se déplacer en boutique peut également nous permettre d’acheter en vrac (notamment dans l’alimentaire et les produits d’entretien) et de ne prendre que ce dont en a besoin. Là encore, on peut réduire encore plus ses emballages en apportant ses propres contenants.

Le format de consignes revient aussi peu à peu. Principalement dédié à l’alimentaire et au consommables, cela permet de favoriser la réutilisation des emballages et de réduire ses déchets.

Un autre avantage des magasins, et qui est plus difficilement mesurable, c’est le contact humain et physique. Cela amène de la vie, mais aussi du contact social et des conseils. Lors d’un achat en physique, on peut voir, toucher et essayer le produit, mais on peut aussi discuter avec le vendeur et bénéficier de son expertise et de son expérience. Le ressenti est différent, il y a plus d’émotion, on est alors plus sûr de ce que l’on achète et il y a moins de risque d’être déçu (et de faire un retour).

Aller en magasin, c’est aussi acheter plus local. Alors bien entendu, si vous allez à la Fnac ou aux Galeries Lafayette, ce ne sera pas très local, mais si vous choisissez la petite librairie du quartier qui existe depuis 60 ans ou la boutique de créateurs qui a ouvert récemment, vous ferez tourner l’économie locale !

Pour son bien-être, c’est aussi important de pouvoir sortir de chez soi, aller flâner un peu, découvrir de nouvelles idées ou de nouveaux produits, sans avoir à rester coincé derrière un écran !

Femme qui tient des sacs de shopping
Photo de Jacek Dylag sur Unsplash

Les bonnes pratiques à mettre en place pour faire ses achats

Alors maintenant que je vous ai dit tout ça, quelles sont les recommandations ? L’un est-il mieux que l’autre ?

Et bien ce n’est pas aussi simple que ça, et comme on dit, tout est nuancé…

Votre mode de transport compte !

Tout d’abord, votre mode de transport est primordial dans cette réflexion. Si vous habitez en ville et que vous pouvez faire tout votre shopping à pied, en vélo ou en bus, votre impact sera nettement moins important que si vous habitez à la campagne et que vous devez faire 20 à 30 minutes en voiture pour rejoindre le magasin le plus proche… Là, vous seul pouvez jugez de votre impact carbone !

Ne boycottez pas les magasins

Ensuite, la grande majorité des magasins seront ouverts et consommeront de l’énergie même si vous ne venez pas. Ils existent pour faire vivre votre ville, mais aussi pour apporter une expérience aux clients qui peuvent toucher et essayer les produits (chose que beaucoup d’entre nous apprécions quand même). 

De plus, le nombre de magasins proposant un site internet est grandissant, même chez les plus petites boutiques. L’idée n’est donc pas de boycotter les magasins mais d’agir en fonction de votre besoin, de ce qui vous arrange, et de votre mode de transport.

Optimisez vos déplacements

Si vous avez prévu d’aller en ville faire des courses, essayez d’optimiser votre sortie pour voir un maximum de choses, surtout si vous avez pris la voiture. Rationalisez vos déplacements, cela vous fera gagner du temps et vous permettra de faire plusieurs magasins en une seule sortie (et donc de réduire votre impact par produit acheté). 

Évitez les achats de dernière minute

Comme je vous l’ai mentionné un peu plus tôt, les délais de livraison ont un impact direct sur la pollution qu’ils génèrent. En vous y prenant à l’avance pour ne pas être précipité (notamment pour Noël ou les anniversaires, qui ont les mêmes dates tous les ans…), vous pourrez éviter la livraison express et préférer le transport plus long (en général le moins cher et celui qui a le moins d’impact sur l’environnement).

Privilégiez la livraison en point relais

Lorsque cela est possible et ne vous fait pas faire de (trop grand) détours, privilégiez au maximum les livraisons en point relais qui sont beaucoup plus optimisées. 

Une autre option est de vous faire livrer sur votre lieu de travail (si cela est possible pour vous), afin d’être sûr que quelqu’un pourra récupérer le colis au moment où le livreur passera (au lieu d’avoir un avis de passage et de devoir reprogrammer une livraison ou d’aller chercher son colis dans un dépôt). Si plusieurs de vos collègues se font aussi livrer au bureau, votre entreprise agira un peu comme un point relais à sa manière !

Groupez vos commandes entre amis

Lorsque vous en avez la possibilité, si vos amis ou collègues sont intéressés, n’hésitez pas à grouper vos commandes. Vous partagerez les frais de livraison mais également son impact carbone !

Centralisez vos commandes sur un seul site

Favorisez au maximum les achats sur les marketplaces; ce sont des sites qui référencent de nombreuses marques et plusieurs types de produits, et cela vous permet de grouper au maximum vos achats sur la même boutique. Cela permet d’éviter les colis contenant un seul produit.

Si le produit que vous désirez n’est pas disponible sur une marketplace, essayez autant que possible de repousser la commande à plus tard, quand vous aurez besoin d’un autre produit sur le même site. L’idée est d’éviter les commandes d’un produit unique, et de commander plusieurs choses à la fois pour réduire l’impact par produit.

Évitez les achats incertains

Dans l’idéal, essayez de ne pas faire d’achat incertain afin d’éviter de faire un retour de produit et donc de doubler son émission de CO2. Renseignez vous bien sur votre achat, regardez bien le guide des tailles pour des vêtements par exemple, ou les caractéristiques techniques d’un produit afin de ne pas vous tromper !

Préférez les produits locaux

Pour mettre le développement durable au cœur de votre acte d’achat, essayez de privilégier les fournisseurs locaux. Cela va bien entendu faire tourner l’économie locale, mais cela favorise les circuits courts qui sont plus écologiques. Ce conseil est valable à la fois pour le commerce en magasin, mais aussi pour le commerce en ligne car cela limitera la distance de livraison (et donc les émissions de CO2).

De manière générale, essayez de faire travailler les petits commerçants plutôt que les gros industriels.

Il existe aussi des services de livraison locaux, qui livrent des producteurs ou des magasins de votre ville ou région, et du coup, cela permet de centraliser les déplacements (pour les paniers de légumes avec les fermes locales par exemple).

Bien choisir ses magasins ou sites e-commerce

Lorsque cela est possible, essayez au maximum de choisir des fournisseurs qui font attention à leur impact sur la planète. Cela passe bien sûr par les produits qu’ils vendent, mais aussi par les emballages qu’ils utilisent, leur façon de livrer et leur éthique de manière générale.

J’ai récemment été agréablement surprise de recevoir ma commande de chaussures Allbirds livrée directement dans leur boite d’origine, sans suremballage. L’étiquette d’expédition était collée sur la boite à chaussure. Une très bonne façon de limiter le suremballage !

Privilégiez la seconde main

Acheter d’occasion, en local ou même en se faisant livrer, sera toujours moins polluant que d’acheter du neuf ! Beaucoup de plateformes de particulier à particulier vous permettent de filtrer en fonction de votre région et parfois, votre prochain achat n’est qu’à 15min en vélo…

Livraison à vélo
Photo de Guus Baggermans sur Unsplash

Il n’y a pas de réponse parfaite !

Comme vous avez pu le voir, il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte pour savoir ce qui est plus écologique entre l’achat en ligne ou en magasin. Mais maintenant, vous avez toutes les clés pour comprendre ces processus et leurs impacts, et voir ce qui est le plus adapté en fonction de votre de mode de vie et de consommation.

En fonction de la distance à parcourir, du lieu de production, et du type de produit, il est souvent plus écologique de se faire livrer en point relais, voire même chez soi, plutôt que de faire 30 minutes de route, seul dans sa voiture, pour aller chercher un produit. Mais cela reste à vous de voir en fonction de vos moyens de transports et de votre accessibilité ! 

Si vous habitez en centre-ville, et que tous vos magasins préférés sont accessibles à pied, à vélo ou en transport en commun, vous avez plusieurs options… Mais en campagne, ou loin des lieux d’achats où seule la voiture est envisageable, la livraison groupée et optimisée est souvent plus écologique !

Toutefois, il ne faut pas non plus s’empêcher de vivre pour vouloir économiser quelques grammes de CO2. Il est important de sortir de chez soi, de voir du monde et tout simplement de se promener en ville ! Et puis avec les fêtes de fin d’année, c’est important de profiter de l’ambiance de Noël et des jolies décorations…

Si votre impact carbone vous dérange, n’hésitez pas à le compenser en plantant des arbres (soit par vous-même, soit en passant par une association comme REForest'Action).


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